Bulletin n° 12. Février 2011. AEDTV. MORARANO – BILAN et PERSPECTIVES |
Chers amis,
Tout d’abord nous vous devons quelques excuses. En 2010, nous n’avons guère donné de nouvelles de Morarano. Mais nous ne sommes pas restés inactifs.
En mars denier vous aviez été nombreux à répondre à notre invitation de venir assister au spectacle au cours duquel Etienne BRAIDY nous a présenté La mort de Judas de Paul Claudel.
En septembre nous avons accueilli le père Romuald RAKOTONDRAZAFY qui connaît bien Tinqueux, puisque c’est à l’occasion de sa venue en 2003 avec le père Bruno qu’ils nous avaient, tous deux, sensibilisés au village de MORARANO.
Après un séjour de plusieurs années en Europe, le père Romuald repartait à Madagascar. A la suggestion de son évêque, il avait à charge de reprendre la responsabilité pastorale de MORARANO. Il avait d’ailleurs été à l’origine, un des acteurs de la création du village.
Nous avions convenu avec le père Romuald, d’attendre quelques mois qu’il puisse déterminer les priorités pour le développement du village. Que les projets que nous pourrions essayer de financer répondent véritablement à un besoin et aient un impact sur la vie sociale du village ! En effet, nous avons toujours été attentifs aux répercussions qui étaient des « bénéfices secondaires » de la réalisation. Ainsi le financement d’un décortiqueur de riz permettait de libérer les enfants et les femmes de l’obligation de piler le riz. Le creusement de puits dans le village libérait de la corvée d’eau des enfants qui pouvaient ainsi fréquenter l’école.
Dans son premier message, le père Romuald nous a communiqué l’ampleur de la tâche qu’il découvrait, en retrouvant MORARANO après quelques années. Il est vrai que la transition entre le contexte européen de confort et d’équipements et celui de MORARANO nécessite une réadaptation dont on comprend les exigences même si l’on ne séjourne à MORARANO que quelques jours.
Voici quelques difficultés dont nous a fait part le père Romuald :
~ A la fin de la saison sèche, tous les puits du village étaient à sec. Nous espérons que ce n’est qu’un événement exceptionnel lié au retard cette année du commencement de la saison des pluies, retard qui nous a aussi été signalé dans d’autres régions de Madagascar.
~ Les bâtiments scolaires et communautaires subissent dégradations et usure du temps, Usure qui est toujours plus rapide dans la Grande Ile qu’en France. Nous avons suggéré l’embauche d’un ouvrier d’entretien dont l’AEDTV pourrait financer la formation. Dans cette perspective le père Romuald nous a proposé également l’équipement d’un petit atelier avec de l’outillage pour boiserie, ferronnerie, plomberie. La création de ce petit atelier pourrait ensuite devenir un lieu de formation pratique pour les habitants qui le souhaiteraient.
~ De l’or aurait été découvert dans des rivières dans les environs du village. Quelques habitants se sont laissé tenter par cette recherche, délaissant les travaux agricoles. Cette fièvre de l’or ou des pierres précieuses est fréquente à Madagascar, pays pauvre. Quand on a un revenu compris entre 1 et 2€ par jour, une telle annonce est bien tentante. C’est ainsi que, dans le sud de l’île, une ville s’est fondée à la suite de la découverte de saphirs, attirant des centaines de chercheurs qui creusent dans des galeries non étayées. Il est donc important de soutenir, à MORARANO l’association qui regroupe forcément les habitants les plus motivés.
Lors du passage du père Romuald, nous lui avions promis de lui rendre visite au cours de l’année 2011. Une visite importante pour plusieurs raisons :
~ Témoigner aux habitants de la réalité de notre engagement dans les projets de développement mais aussi témoigner de notre souci de l’entretien et de la maintenance des équipements financés.
~ Avoir une idée plus précise des priorités, voire des urgences.
~ Apporter notre appui au père Romuald dans sa mission difficile.
Le conseil d’administration a débattu de l’opportunité de ce déplacement lors de ses réunions de décembre et janvier. Notre président et notre trésorier ont donc prévu de partir à Madagascar le 25 mars pour une quinzaine de jours ; un voyage que, bien sur, ils financent eux-mêmes.
En raison de ce voyage, nous avons pensé reculer la date de notre Assemblée Générale annuelle après cette visite à MORARANO, afin de pouvoir la nourrir du bilan de cette visite et les projets qui auront pu être concrétisés sur place.
Retenez donc dès maintenant la date ci-dessous dans l’attente de recevoir un rappel de l’invitation, précisant le lieu et l’heure.
Pour que nous puissions vous adresser cette invitation, merci de nous retourner votre bulletin d’adhésion pour 2011.
Un grand merci pour votre soutien ! Mardi 7 juin 2011 Assemblée Générale de l’AEDTV |
Le 4 décembre dernier, Jean-Marie Berrier, Philippe Debar et moi-même avons bravé la neige pour nous rendre au golf du Val-Secret près de Château-Thierry où nous avons rencontré Paul Lenaerts, très actif au sein de l’association Asa Tanana Solidarité France-Madagascar. Comme la question de l’eau est une question cruciale à Morarano, nous avons voulu en savoir plus sur un système original d’irrigation que Paul Lenaerts tente d’implanter à Madagascar : le système de la pompe à bélier.
Ancien agriculteur qui a reconverti une partie de ses terres en golf, Paul Lenaerts avait connaissance de la pompe à bélier parce qu’il en existait une sur son exploitation qui a fonctionné pendant plus d’un siècle. Cette pompe permettait d’amener chaque jour près de 10 000 litres d’eau d’une source située en contrebas de la ferme jusqu’aux bâtiments (étables et maison) situés sur le plateau. Ce système ancien (il a été mis au point par les frères Montgolfier en 1796) présente le gros avantage de ne nécessiter aucun apport extérieur d’énergie. La seule contrainte pour pouvoir faire fonctionner le bélier est de disposer d'une source d'eau libre. L’énergie est fournie par la seule force de l’eau courante. Le système fonctionne grâce à la pression exercée par l'eau sur un clapet à l'entrée de l'engin. Celui-ci s'ouvre puis se referme permettant à l'eau de se glisser dans un conduit de sortie. Le tuyau achemine enfin l'eau vers la surface à irriguer.
Passionné par la technique du bélier et soucieux de solidarité avec les paysans du Tiers-Monde, Paul Lenaerts s’est rapproché d’une association de Château-Thierry qui mène des opérations de développement dans un gros village situé près de Tananarive à Madagascar. Il s’est rendu quatre fois sur place et a développé un système artisanal de pompe à bélier qu’il fait maintenant fabriquer par une entreprise locale. Son idée était de réduire le coût le plus possible pour rendre les pompes accessibles aux communautés villageoises (une pompe coûte ainsi 200 à 300 euros soit 10 fois moins que des modèles industriels fabriqués en Europe). Sur le papier, le système est idéal ; dans la réalité, il faut aussi bousculer un peu les mentalités. Pour Paul Lenaerts, il importe que les communautés villageoises s’approprient cette technologie simple pour être capables d’en assurer l’entretien, la diffusion et la transmission aux générations futures.
Notre rencontre avec Paul Lenaerts avait également pour but de nous interroger sur la possibilité d’installer des pompes de ce type à Morarano. Il n’est malheureusement pas certain que nous disposions près de Morarano d’une source ou d’un cours d’eau dont le débit serait suffisant. Mais le voyage de Jean-Marie et Bernard permettra d’étudier plus précisément la question et peut-être de découvrir le moyen d’implanter le dispositif.
Quel que soit le résultat final pour Morarano, nous avons été heureux d’échanger avec Paul Lenaerts et de partager nos expériences. Ce fut aussi une manière de réaliser que nous sommes nombreux à œuvrer de manière modeste mais que, par l’addition de toutes les contributions, on peut changer les choses. Christophe Le Roux
« Si chaque homme, chaque femme mettait une goutte d’eau, ça ferait que l’océan changerait. » . Sœur Emmanuelle