Bulletin n° 13. Mai 2011. AEDTV. DE RETOUR DE MORARANO. |
Comme
nous l’avions annoncé dans le dernier bulletin de février dernier, nous avons eu la chance de pouvoir nous rendre à Madagascar du 25 mars au 9 avril et de recevoir à Morarano un accueil chaleureux et sympathique. Un voyage un peu court, mais néanmoins riche de découvertes et de rencontres et remotivant pour continuer nos efforts pour aider le développement du village. Avant d’arriver à Morarano : Des rencontres inoubliables mais aussi quelques frayeurs… Ce serait trop long de tout citer, mais on peut au moins partager : Une expérience marquante : la participation à Tananarive (Antananarivo), le 1° dimanche de notre séjour à la messe de la communauté initiée par le père PEDRO. Le père PEDRO, Lazariste a commencé il y a une quinzaine d’années à accompagner des personnes vivant sur les décharges d’ordures de Tananarive. En exploitant, à la main une carrière de pierres ils ont construit leurs maisons. Dans les 3 villages déjà réalisés, les habitants doivent s’engager à ne plus mendier et à envoyer leurs enfants à l’école. Pour rendre dompte de cette messe qui dure prés de 3h, citons Mgr Laffont (évêque de Cayenne) qui souligne dans la Vie du 21 avril, que : « la messe africaine respire la joie de croire et de se rassembler pour célébrer…les corps et les cœurs ne font plus qu’un. Les fidèles dansent et les corps participent pleinement à la célébration de l’Eucharistie » Cela est vraiment ce que nous ont montré les milliers de participants rassemblés ce dimanche dans le hangar qui tient lieu d’église : des chorales, la danse d’une centaine de jeunes filles pour accompagner la procession des offrandes, la danse des enfants étonnamment calmes pendant toute la durée de la cérémonie.
A Morarano nous avons retrouvé avec une dimension plus modeste, ces chants et ces danses. Nous avons eu la chance de retrouver le père PEDRO à l’aéroport et d’échanger quelques mots avec lui. Il nous a dit son indignation sur « l’incapacité des politiciens malgaches à se mettre d’accord alors que les gens vivent avec moins d’un euro par jour ». Quelques frayeurs pour nous rendre à Morarano !! Nous avons quitté Tananarive en fin d’après midi, avec LINA notre chauffeur qui avait été mis à notre disposition par le père ROMUALD pour notre séjour. La nuit tombe vers 18h 30 et sur la route d’Antsirabé, LINA roule sur un pavé : crevaison. La roue de secours est à plat. Allons-nous passer la nuit sur la route ? Ce qui n’est ni rassurant, ni recommandé. Nous sommes arrêtés devant 2 vendeurs sur le bord de la route, comme il y en a beaucoup à Madagascar. LINA échange avec eux et voici les 2 vendeurs qui montent dans la voiture ; nous faisons 500 m et l’on fait sortir de sa maison une collaboration providentielle : quelqu’un qui a tout le matériel pour réparer la crevaison. Simplement une arrivée tardive à Antsirabé. Le lendemain départ pour Morarano, tout se passe bien sur les 160 km de route asphaltée et sur le début de la piste profondément détériorée et parsemée de «nids de zébus».Sans que cela ait un rapport avec l’état de la piste, c’est tout d’un coup une rupture de câble d’embrayage. Nous décidons de continuer à pied sous un soleil de plomb et en suscitant le sourire quelque peu narquois des paysans rencontrés !! Au bout d’une heure, LINA nous rattrape : il a réussi une réparation de fortune en prenant un morceau de l’allume-cigares !!
Ingéniosité malgache et fiabilité : le véhicule reviendra sans problème à Antsirabé pour une véritable réparation. Notre séjour à Morarano : Nous ne sommes restés que 2 jours à MORARANO, mais la brièveté de notre visite n’a en rien entaché la chaleur de l’accueil que nous avons reçu.
Nous avions souhaité vivre un dimanche à Morarano, jour de rassemblement de la communauté villageoise et aussi d’une plus grande disponibilité pour la rencontre. 2 temps forts de cette rencontre : A l’issue de la messe dominicale, nous sommes intervenus pour situer notre visite dans une démarche de solidarité : partenaire des solidarités vécues dans le village pour son développement. A la suite de cette intervention, nous avons été invités à nous asseoir en face de l’assemblée ; des paniers sont posés en face de nous et de nombreux habitants viennent déposer dans ces paniers : qui des épis de maïs, qui quelques bananes, qui un sac d’arachides, d’autres des billets de banque. Très touchés par ces cadeaux nous en avons demandé la signification au père Romuald, qui nous a répondu : «
quand les gens peuvent donner quelque chose ils retrouvent leur dignité ». Nous avons alors vécu cela comme une réciprocité et d’être un peu moins dans cette relation où «
la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit ». ~ L’après-midi nous avons rencontré au cours d’une assemblée commune : les anciens du village, le conseil d‘administration de l’association qui s’est crée à la suite de précédentes visites dans le village, également le comité de parents de l’école, les instituteurs et les 3 religieuses, en tout une quarantaine de personnes.
Chacun a pu s’exprimer sur les souhaits de développement. Nous avons pu insister sur l’importance de développer des réseaux de solidarité, dans lesquels nous pouvons nous intégrer pour soutenir les projets qui ne pourront pas, de toute façon se réaliser si cette solidarité n’existe pas dans le village. En conclusion de cette rencontre un ancien s’est levé pour prendre l’engagement au nom des anciens de veiller au développement du bien commun dans le village et un autre nous remercié en français :
« vous n’êtes pas venus comme des touristes, ce n’est pas la première fois que vous venez, et pour cela nous vous remercions ». Pour conclure 4 jeunes se sont avancés pour nous offrir à chacun d’entre nous un petit tapis tissé avec des herbes de la savane où l’on peut lire :
Morarano ». Ces rencontres et la chaleur de l’accueil reçu sont venus tempérer la déception de constater que les puits pour lesquels nous avions beaucoup investis, ne fonctionnaient plus et ont besoin d’une nouvelle intervention. Nous avons été reçu par le nouvel évêque d’Antsirabé : Mgr Philippe RANAIVOMANANA très soucieux de ce problème et qui nous remis un devis pour le creusement d’un nouveau puits alimenté par une pompe fonctionnant avec l’énergie solaire. Il ne reste plus qu’à trouver les fonds…
| Une visite du village nous a permis de constater qu’à Morarano, la pauvreté recule, même si la pénurie est manifeste: au centre de soins et à l’école en particulier. On perçoit la pénurie quand on visite le centre de soins et ses rayons quasiment vides de médicaments ; ou encore les salles de classe sans aucun autre matériel qu’un mur peint en noir pour servir de tableau et quelques craies. |
De nouvelles maisons en briques se sont construites : signe que certains ont pu en financer la construction et marquent ainsi leur souhait d’implantation permanente à Morarano. Une ferme-école est en train de sortir de terre dans le centre du village. Devrait y être donnée une formation de base à l’agriculture et à l’élevage à destination des jeunes, mais aussi pour des adultes intéressés. Quelques solutions avant notre retour en France A Antsirabé, le père ROBERT curé de la paroisse d’expression française, nous a mis en rapport avec un de ses paroissiens, médecin responsable du Service Médical Interentreprises. Il nous a proposé de collaborer à l’approvisionnement du dispensaire de Morarano en facilitant l’achat des médicaments par l’intermédiaire de la centrale à laquelle son service est rattaché. Nous avons dès notre retour envoyé des fonds pour assurer une premiére dotation à Sœur SIDONIE, infirmière responsable du centre de soins, avec laquelle nous avons beaucoup échangé.
Nous avons également pu acheter pour l’école, un minimum de matériel : planisphères, mappemonde, compas et des ballons de foot qui d’après le père Romuald ont été très appréciés par les enfants.
Des projets à financer dans un très proche avenir A la suite de notre visite et de notre rencontre avec les habitants, et des échanges qui se sont poursuivis dans le village, le père Romuald nous a envoyé une liste de projets que les habitants souhaitent réaliser ou compléter à cour terme. Nous avons, en conseil d’administration de l’AEDTV réfléchi à la manière dont nous pourrions contribuer à leur réalisation, tout en apportant notre réflexion pour nous assurer d’une utilisation judicieuse de notre contribution. Ce sont des projets déjà en cours ou qui pourront démarrer très rapidement :
~ Réactiver le grenier de solidarité. L’objectif est d’acheter les produits des paysans au moment de la récolte et au même prix que les collecteurs qui viennent les acheter en camion dans le village pour y revenir au moment de la période de soudure, revendre le riz nettement plus cher. Le riz est gardé en stock et enregistré (nom de la personne, poids, prix).Au moment où arrive la période de soudure, ces produits sont revendus à ces personnes avec une taxe légère : frais de magasinage et prestation de service.
Nous avons suggéré que ce grenier prenne une forme coopérative et que soient prévus dans le budget prévisionnel, un amortissement de notre contribution pour qu’elle puisse servir ultérieurement à d’autres réalisations.
~ Achever la ferme-école. Il en a été déjà question ci-dessus. Un enseignement théorique sera assuré par un technicien venant du diocèse d’Antsirabé et une formation pratique au sein de l’école.
Déjà, un pépiniériste en retraite accompagne des plantation d’arbres dans le village.
~ Créer un Service d’entretien qui pourra devenir ensuite une école d’apprentissage. Morarano possède quelques infrastructures de base. Actuellement, le manque d’entretien est très remarquable partout. Ce service jouera trois rôles importants : assurer des travaux de restauration-réparation-entretien, former des jeunes pour une relève et conscientiser la population au respect des biens communs. Ce service s’étendra sur plusieurs disciplines : Menuiserie, Maçonnerie, Plomberie, Electricité, Ferronnerie, Mécanique, Environnement
Ce projet est la concrétisation d’une proposition que nous avions faite il y a plusieurs mois déjà : nous avions suggéré de financer la rémunération d’un technicien qui pourrait assurer cette réalisation. Etant donné le niveau des salaires à Madagascar, notre contribution pourrait être de moins de 500 € pour une année. Avec un effet d’entraînement par la formation de techniciens sur place.
~ Assurer un fonctionnement satisfaisant du dispensaire. La collaboration que nous avons pu initier sur place avant notre départ devrait contribuer à la rencontre de l’objectif. Par ailleurs il sera demandé aux familles de participer à la constitution d’une caisse de solidarité par la fourniture de 30 kg de riz.
Poursuite des actions déjà engagées Depuis plusieurs années, nous nous sommes engagés à apporter une contribution au financement de l’école. Nous avons donc, comme par le passé envoyé une somme de 1000 €, d’autant que doit démarrer à la prochaine rentrés scolaire une classe de 5°.
Enfin, malgré les déboires rencontrés dans l ‘accès à l’eau ; nous poursuivons nos recherches :
Auprès de contributeurs institutionnels (entreprises , etc) pour financer un forage plus profond avec une pompe alimentée à l’énergie solaire : projet qui nous a été soumis par l’évêque d’Antsirabé.
Nous avons identifié qu’une ONG malgache avait commencé à intervenir sur la commune d’Anjoma Ramartine dont dépend Morarano. Cette ONG « TARATRA » installe des pompes à bélier. Technique que nous avions présenté dans notre dernier bulletin. Nous sommes rentrés en contact avec elle pour étudier la possibilité d’un collaboration éventuelle. Notre visite nous a permis de constater qu’une telle installation serait peut-être possible sur un point d’eau à proximité du village.
En matière de conclusion : Notre séjour nous a fortement remotivé pour un nouveau départ : continuer nos actions avec Morarano. Nous espérons que cette remotivation sera contagieuse et que, lecteur de ce bulletin vous contribuerez selon vos moyens à la réalisation de tous ces projets.
Bien sur
rendez-vous à l’Assemblée Générale du 7 juin où nous aurons l’occasion de développer et d’échanger avec photos à l’appui.